« Your own skills are your most dependable assets […] Your land may be taken from you or your job downsized. Some of your friends and family will certainly leave this life. Your tools will rust or break and can be stolen or lost. but your on own aptitudes are there for you to rely on no matter the condition of the world in which you find yourself » (Ben Falk, The Resilient Farm and Homestead)
« Se préparer », c’est une réflexion autour de notre instinct de survie. Est-il toujours en nous ? L’a-t-on égaré quelque part ? Est-ce que c’est encore important, ça, un instinct de survie ? Pour mieux nous situer, revenons d’abord à l’une des notions phares de ce blogue : la résilience.
Comme on l’explique ici, on distingue essentiellement deux types de résilience. La première, dite réactive, réfère à la capacité d’absorber les chocs liés à une perturbation. À nous remettre sur pieds à la suite d’un événement bouleversant. La pandémie actuelle en est un. Quels seront les impacts sur nos vies ? Comment, comme familles, comme individus et comme société, allons-nous rebondir dans les prochaines années ?
Plus important encore : saurons-nous en tirer des leçons pour l’avenir ? Cette question, c’est l’essence même de la résilience dite “proactive”. Être proactif, c’est l’exercice qui nous amène à imaginer le futur. À anticiper les imprévus. Le fort probable, le probable, et l’improbable. À apprendre de nos expériences passées pour nous adapter aux changements qui bouleversent nos vies. Pour bien rebondir (être résilient) quand survient un événement majeur, il est préférable d’être proactif, plutôt que réactif. Et pour être proactif, la meilleure stratégie est de se préparer.
Se préparer à quoi ?
Nos attentes sont élevées envers le monde comme on le connaît. On s’imagine mal qu’il puisse changer de façon drastique et bouleverser de manière significative notre vie. Centrés sur la satisfaction de nos besoins immédiats, nous vivons au jour le jour et craignons essentiellement les problèmes qui affectent notre confort à court terme, au quotidien. La hausse des prix de l’essence, par exemple, nous terrorise.
Par contre, quand vient le temps de se projeter dans l’avenir et d’anticiper des catastrophes qui pourraient avoir un impact beaucoup plus important sur nos vies et celles des prochaines générations, on préfère habituellement fermer les yeux. “On traversera le pont une fois rendue à la rivière” ! Et si le pont n’était plus là ? Les addictions suivent souvent ce principe. La cigarette, l’alcool, la malbouffe, la sédentarité et autres mauvaises habitudes de vie nous tuent lentement, sournoisement, et se transmettent bien souvent d’une génération à l’autre. Comme on ne meurt pas immédiatement,notre instinct de survie n’est pas interpellé. On préfère fermer les yeux.
Et pourtant. Les grands bouleversements ne relèvent pas de la fiction ou de la paranoïa. Au contraire, la fiction, c’est plutôt le scénario dans lequel notre petite vie bien rangée continue tranquillement son cours. Non seulement l’histoire en témoigne largement, mais d’innombrables signes nous laissent croire que d’ici la fin du siècle, peu d’êtres humains auront la chance d’être épargnés par des catastrophes. Vous serez peut-être déjà vieux, mais vos enfants et vos petits-enfants, eux, les subiront de plein fouet.
Des exemples ? Eh bien pourquoi pas la pandémie de COVID-19 ? Et il me semble que pour l’instant, côté scénario catastrophe, on ne s’en tire malgré tout pas trop mal. Un autre exemple ? Les changements climatiques. Ce qui s’accélère déjà à l’échelle planétaire se poursuivra. À eux seuls, ils seront responsables d’innombrables événements extrêmes partout sur le globe. Inondations, sécheresses, super tempêtes, etc. Toutes ces choses dont nous dépendons et prenons pour acquis seront touchées : santé, alimentation, eau, économie, infrastructure, sécurité, etc. En 2017, uniquement en Floride, on a recensé “une grave sécheresse, des températures record, une centaine d’incendies et l’ouragan Michael”. Plus près de nous, voici l’histoire de “l’Année sans été”, qui toucha le Québec en 1816 :
« Le 5 avril 1815, un volcan situé sur le Mont Tambora, en Indonésie, entra en éruption. […] Les cendres projetées dans l’atmosphère se dispersèrent et bloquèrent les rayons du soleil, causant ainsi un hiver volcanique, qui bouleversa le climat de l’hémisphère Nord […] Le Bas-Canada et le nord des États-Unis subirent trois grandes vagues de froid à l’été 1816, apportant gels fréquents, neige, poudrerie et glace […] Cette température improbable provoqua de graves conséquences au niveau des récoltes » (BANQ)
« Dans le cas d’un événement majeur qui bouleverse notre mode de vie, un emploi payant, une maison en banlieue de la métropole et un REER ne peuvent évidemment pas nuire, mais il pourrait être judicieux de penser à diversifier un peu sa trousse à outils »
Et comment se préparer ?
Pour la famille résiliente, être proactif c’est se préparer à l’éventualité où l’accès à certains des biens ou services dont nous dépendons pour vivre devait être compromis. Cela implique d’une part d’adopter un mode de vie dans lequel nous cherchons à augmenter notre autonomie chez soi (ou limiter notre dépendance aux biens et services extérieurs). Plus important encore, ça implique surtout de chercher à développer et transmettre (léguer !) les valeurs, les connaissances et les compétences permettant de reproduire notre mode de vie ailleurs dans l’éventualité où l’on devait être amené à changer de milieu de vie. Rappelons-nous : la résilience n’est pas l’histoire d’une seule génération.
S’entraîner comme une équipe
Vous avez déjà pratiqué un sport d’équipe ? Quels qu’ils soient, les athlètes de ces équipes ont tous au moins un point en commun : ils s’entraînent. Et comment s’entraînent-ils ? En étudiant leur adversaire, en développant des stratégies, en peaufinant leurs compétences techniques et physiques. Quand le premier coup de sifflet se fait entendre et que la partie commence, c’est cet entraînement qui fait la différence entre une victoire et une défaite.
Vous me voyez venir, le même principe s’applique quand vient le temps d’être proactif en matière de résilience. Je vous propose de voir votre vie comme un immense terrain de jeu. Vous êtes un joueur et votre famille est votre équipe.
« Plus vous vous entraînez, plus vous serez un joueur complet et prêt à rebondir quelle que soit la situation. Si vous travaillez en famille, que vous prenez soin de la relève, vous ne gagnerez pas seulement une partie, vous serez des gagnants de génération en génération »
Dans cette section, je vous propose du contenu sur les différentes façons de s’entraîner, seuls et en famille. Entraîner votre corps et votre esprit, développer les connaissances et les compétences pour survivre chez soi (réserves de nourriture, énergie, eau potable, etc.) et hors de chez soi (préparatifs, plan d’évacuation, communauté, auto-défense, survie en forêt, chasse, etc.) À noter que plusieurs de ces compétences sont également traitées dans d’autres sections de ce blogue.