Il est important de bien se nourrir. Notre santé physique et mentale en dépendent.

Il est important de prendre soin de sa santé physique et mentale, notre bien-être en dépend. 

Il est important d’être heureux, le monde entier en dépend.  

 – La Famille résiliente –

Dans une optique de résilience, “Se nourrir”, ce n’est pas uniquement l’action d’ingérer des aliments (ou toute chose pouvant contenir des traces d’aliments) dans le but de ne pas mourir. Se nourrir, on le conçoit plutôt comme étant l’art de Cultiver, Cueillir, Chasser, Conserver et Cuisiner sa nourriture (les cinq “C”) dans une optique d’autosuffisance. 

Se nourrir pour s’émanciper

Ça peut paraître anodin, mais apprendre à se nourrir soi-même, c’est rien de moins que la décision de (re)prendre en main l’intrant le plus fondamental à notre existence. À notre époque, c’est un acte qui peut littéralement changer le cours des choses.  

Dans les dernières décennies, on a pris la décision, comme familles, d’externaliser la production de notre nourriture. De délaisser nos petits lopins de terre pour s’installer en ville sur des terrains à peine plus grands qu’une entrée de cour. Se faisant, on a aussi choisi de remettre à d’autres le pouvoir de décider de ce qui se retrouve dans notre assiette, dans celle de nos enfants. On a peut-être des bleuets et des framboises en hiver, mais à quel prix ? 

Lorsqu’on vise la résilience, apprendre à se nourrir par soi-même, c’est incontournable. C’est non seulement immensément gratifiant, mais c’est surtout l’un des moyens les plus accessibles pour accroître son autonomie et, à mon sens, l’une des premières étapes vers l’autosuffisance. 

C’est aussi un acte qui peut être profondément politique, en ce sens où on choisit consciemment de cesser d’encourager une industrie qui décime littéralement la planète. Qui méprise la vie. Qui épuise le sol et nombreuses autres ressources dont nous dépendons, dont tous les êtres vivants dépendent.  

Reconnecter avec la terre

On observe plusieurs mouvements de “retour à la terre” au cours des 50 dernières années et je crois que la pandémie qui nous a touché permettra d’accélérer cette mouvance. Retourner “à la terre”, ce n’est pas uniquement le désir de troquer une vie en ville pour une même vie à la campagne, mais en télétravail. Cette expression, elle incarne d’abord la volonté de s’éloigner du superficiel et de retrouver un sens à nos vies à travers une reconnection avec la simplicité, avec l’essentiel. C’est apprendre à s’émerveiller devant l’ordinaire. Et à notre époque, quoi de plus ordinaire aux yeux de la plupart d’entre nous que le sol qui se trouve sous nos pieds ? 

Quand on commence à produire soi-même sa nourriture, on doit se mettre les deux mains dans la terre. Et plus on se met les mains dans la terre, plus on réalise qu’il s’agit de bien plus que de la “garnotte” et de la “bouette”. Bien plus que la chose sur laquelle pousse notre pelouse et nos pissenlits. On apprend à aimer se salir les mains, car ça nous ramène à l’essentiel.

“ À mesure que les pays s’industrialisent, leurs populations perçoivent la terre comme de la “boue”, une matière immonde qui “salit”. Dans notre habitat urbain dominé par le béton, le bitume ou des pelouse méticuleusement tondues, nous nous retrouvons séparés de la source de la vie. Habitués à concevoir les aliments comme des denrées emballées qu’on se procure dans les supermarchés, nous oublions qu’ils proviennent tous de la Terre. Divorcés de la Terre, nous avons oublié une vérité fondamentale : chaque bouchée de nourriture qui nous garde en vie a jadis été elle-même vivante, et toutes les denrées d’origine terrestre viennent directement ou indirectement du sol.” 

– David Suzuki, L’équilibre sacré –

L’élevage, la pêche et la chasse

Nous vivons dans une époque d’abondance alimentaire. Tout est facilement accessible et à portée de main. Ce ne sera pas toujours le cas. Dans une optique de résilience et d’autosuffisance, il est primordial de chercher à développer les connaissances et les compétences qui nous permettront de pouvoir se nourrir quelle que soit la situation et le contexte. Cela implique de viser à diversifier au maximum ses sources de nourriture, de telle sorte que l’on puisse adapter son alimentation si l’une ou l’autre de ces sources venait à manquer. À mon sens, on peut donc difficilement se passer de l’élevage, de la pêche et de la chasse.

En plus d’offrir une plus grande sécurité sur le plan alimentaire, apprendre les rudiments de l’élevage ouvre la porte à d’innombrables avantages. Que ce soit par leur apport en fumier de qualité, parce qu’ils labourent le sol, par leur œufs, leur laine ou leur lait, ou encore par la joie qu’ils apportent, les animaux sont sans aucun doute une richesse incroyable pour la famille résiliente. Quant à la chasse, il s’agit d’une compétence qui pourrait s’avérer indispensable pour survivre en nature et s’approvisionner en viande de qualité. 

Et ceux qui ne mangent pas de viande ?

C’est vrai, de nos jours, consommer de la viande ne va plus de soi. Pour plusieurs raisons, nombreux sont ceux et celles qui choisissent de sortir de leur alimentation les produits d’origine animale. Quelle que soit notre opinion à ce sujet, une chose est certaine, il est fondamental de respecter cette décision. 

Dans notre famille, nous avons exclu la viande (et plusieurs autres produits d’origine animale) de notre régime alimentaire pendant plusieurs années. Quand nous nous sommes intéressés de plus près à la question de la résilience, nous avons réintégré progressivement la viande, en petite quantité, avec pour objectif à moyen et long terme de consommer uniquement ce que nous produisons, chassons et pêchons nous-mêmes. En plus de répondre à nos objectifs de  résilience, cette manière de faire nous permet de contrôler les conditions de vie des animaux et  d’éviter d’encourager les abus dégoûtants et les conséquences absolument catastrophiques de l’industrie animale. D’ici-là, notre alimentation est principalement végétarienne, mais nous la complétons de temps à autre avec quelques poissons que nous pêchons dans le lac près de chez nous. 

Les avantages d’apprendre à se nourrir 

Au-delà des considérations philosophiques et politiques, produire (et chasser) soi-même sa nourriture comporte de nombreux avantages très concrets qui justifient grandement à eux seuls la démarche.

Let food be thy medicine and let that medicine be food

– Hypocrates, 460 BC –

C’est bon pour la santé physique

Vous mangerez moins d’aliments transformés et plus d’aliments bénéfiques à votre santé (fruits, légumes, champignons, noix, racines, plantes, fines herbes, etc.). Ces aliments seront exempts de pesticides et autres produits chimiques. Ils seront plus frais et donc plus riches en nutriments. Vous pourrez décider vous même de ce que vous souhaitez produire, et donc choisir des aliments plus intéressants sur le plan nutritionnel (calories, vitamines, antioxydants, etc.). Enfin, le jardinage, par exemple, est une excellente activité physique, qui vous offrira une belle occasion de sortir à l’extérieur, de bouger, de respirer de l’air frais. 

C’est bon pour la santé mentale

Reconnecter avec notre alimentation fait du bien. Jardiner, aller pêcher, s’occuper des animaux et passer du temps en nature permettent de prendre du temps pour soi et offrent d’excellentes occasions de partager des moments de qualité en famille. Des moments de plaisir, enrichissants et éducatifs. Tout le contraire de la plupart des moments passés devant les écrans. 

En jardinant, par exemple, on vit le bonheur de cultiver la vie. De la voir émerger du sol et s’épanouir. On se rapproche de la nature et de ses cycles. On apprend à aimer chacune des saisons et à en suivre le rythme mélodieux. À savourer le silence du petit matin, les premiers chants d’oiseaux, les premiers rayons du soleil. On apprend à connaître la vraie valeur de ce qu’on mange, à en apprécier les différentes saveurs, à reconnaître la fraîcheur. Bref, tout ça, et bien plus encore, agit comme une véritable bouffée de bien-être, un remède pour prévenir et guérir les problèmes de santé mentale. Vous ne me croyez pas ? Plusieurs études ont été écrites à ce sujet concernant notamment ce qu’on appelle les “jardins thérapeutiques” ou encore “l’hortithérapie”. 

Avec la pandémie actuelle, l’enjeu de la santé mentale fait maintenant la Une des grands médias, qui en parlent abondamment. On connaissait déjà depuis longtemps l’existence d’un problème systémique majeur au sein des pays développés (dépressions,anxiété, suicides, etc.), mais j’ai tout de même encore du mal à me faire à l’idée qu’on soit rendu si mal en point. Qu’on ait tout simplement laissé toute une génération d’enfants grandir ainsi, déprimés devant leur écran, en leur proposant des pilules, sans remettre véritablement en question notre mode de vie et ses conséquences désastreuses sur la jeunesse. 

Cultiver la vie, c’est cultiver l’avenir. 

C’est bon pour le portefeuille

Canada’s Food Price Report 2021 predicts annual food expenditure could go up by as much as $695 compared to 2020

– Canada’s Food Price Report 2021 – 

On ne se racontera pas d’histoire, si vous avez de sérieux problèmes financiers, cultiver vos fruits et vos légumes, chasser ou pêcher ne résoudra pas tout. Vous ne serez fort probablement ni plus riches, ni moins endettés, du moins dans un horizon à court terme. Si vous habitez une région comme le Québec, c’est encore plus évident. À moins d’exception, vous dépendrez pendant longtemps des supermarchés et des autres producteurs pour une bonne part de votre alimentation annuelle. Cela dit, avec le temps, de la patience et de la persévérance, vous pourriez être en mesure de vous rapprocher de l’autosuffisance alimentaire, et c’est à ce moment que ça deviendra plus intéressant d’un point de vue financier. 

Quand on commence à cultiver soi-même sa nourriture, l’investissement en temps et en argent est rarement rentable. À mon avis, ce ne doit pas être la motivation première, sans quoi vous serez probablement bien déçu. Cela dit, au fil des années, votre jardin s’agrandit, vous perfectionnez vos techniques, vous achetez de nouveaux équipements, vous devenez plus efficace, la qualité de votre sol s’améliore, vos récoltes sont plus abondantes, vous y consacrez moins de temps, vous diversifiez vos productions (noix, arbres fruitiers, champignons, etc.), vous apprenez à sélectionner les plantes et les cultivars les plus résistants et les mieux adaptés à votre alimentation, vous apprenez à fabriquer un compost de qualité, à récupérer vos propres semences, à transformer et à conserver vos aliments efficacement, de sorte que vous êtes en mesure de répondre à une part grandissante de vos besoins annuels tout au long de l’année. Vous ajoutez des animaux à votre fermette et apprenez à chasser. Vous produisez même des surplus que vous pouvez revendre. Avec le temps, vos dépenses diminuent, votre investissement de départ se rentabilise.  En parallèle, tout porte à croire que le prix des aliments dans les supermarchés continuera d’augmenter et d’occuper une place de plus en plus importante dans le budget annuel des familles. Comme je le dis, vous ne deviendrez probablement pas riche, mais oui, vous pourrez réaliser des économies importantes et surtout, vous aurez la paix d’esprit. 

C’est bon pour la sécurité alimentaire

Comme on peut s’en douter à la lecture de ce qui précède, apprendre à se nourrir est synonyme de sécurité alimentaire. À notre époque d’abondance, cette question peut paraître loin de nos préoccupations premières, et pourtant elle est de plus en plus d’actualité. Si vous apprenez à maîtriser les cinq “C” (cultiver, cueillir, chasser, conserver et cuisiner), vous aurez une paix d’esprit que peu de gens ont la chance d’avoir de nos jours. Vous saurez que, quoiqu’il arrive (une pandémie par exemple), vous pourrez nourrir votre famille. Et vous pourrez la nourrir avec des aliments sains. Vous aurez également l’avantage de pouvoir générer des surplus qui pourront, au besoin, nourrir votre communauté tout en vous offrant une source de revenu ou de monnaie d’échange.

C’est bon pour la planète

Enfin, en apprenant à vous nourrir par vous-même, vous agirez en harmonie avec la nature. Vous cesserez progressivement d’’encourager des industries qui méprisent la vie, qu’elle soit végétale ou animale. Vous cesserez d’encourager des pratiques absolument horribles, qui épuisent à un rythme inimaginable les ressources les plus précieuses de la planète. Qui détruisent ce qui reste de sauvage en ce monde et, par le fait même, l’incroyable vie qui s’y trouve. Vous ne changerez probablement pas le monde, de la même manière que vous ne deviendrez probablement pas riche, mais vous ferez ce qui est Bien, et c’est déjà énorme.

Viser l’autosuffisance alimentaire ?

Cela veut-il dire de ne plus jamais mettre les pieds dans un supermarché ? Oui, non, peut-être. Si c’est votre objectif et que vous en avez les moyens, pourquoi pas ? Cela dit, une autonomie alimentaire totale sans aucun apport extérieur peut prendre de très nombreuses années à se matérialiser (même en adaptant son alimentation) et demander un investissement en temps et en argent qui n’est pas à la portée de tous. Pensons simplement aux noix ou aux légumineuses. Au Québec, l’hiver est également un obstacle non négligeable. 

Dans le cas de notre famille, sur le plan alimentaire, l’autosuffisance est assurément notre objectif à long terme. Toutefois, nous avons des attentes plus modestes à court et moyen termes. Pour l’instant, nous complétons notre petite production en achetant le plus possible ce qui nous manque auprès d’agriculteurs locaux et de magasins d’alimentation en vrac près de chez nous. 

Compléter sa production : producteurs locaux et épiceries en vrac

Vous comprenez maintenant les avantages d’apprendre à se nourrir par soi-même, mais vous comprenez également que vous devrez y investir du temps et que cette démarche peut donc s’étaler sur plusieurs années, voire décennies. C’est d’autant plus vrai si aucun de ces savoirs (les cinq “C”) ne vous a été transmis par les générations précédentes et que vous partez plus ou moins du point zéro. Cela ne doit pas pour autant vous empêcher de prendre action et viser entre-temps à choisir des produits locaux et à réduire le plus possible votre empreinte écologique et votre dépendance à des aliments transformés, suremballés, bourrés de pesticides. Aussi longtemps que ce sera nécessaire, je vous invite donc à vous approvisionner autant que possible auprès d’agriculteurs et d’éleveurs biologiques de votre région, et d’encourager les épiceries près de chez vous qui proposent des produits en vrac et biologiques.