Quand il est question de résilience, on ne peut passer â côté de la question des finances personnelles. La grande différence avec le discours qui domine actuellement dans notre société, c’est que la résilience n’exige pas d’avoir toujours plus d’argent.

Bien sûr, repenser son rythme de vie et réduire sa consommation est une bonne option. Dans la société dans laquelle on vit, ce n’est pas simplement intéressant pour les finances personnelles, c’est ni plus ni moins un prérequis essentiel à la sauvegarde de la planète et de notre santé physique et mentale.

Par ailleurs, réduire son rythme de vie a ses limites. On peut produire soi-même une grande partie de ce dont on a besoin pour vivre, mais à moins de vivre en complète autarcie, on aura besoin à un certain point de générer des revenus qui nous permettront de nous procurer ce qu’on ne peut produire, fabriquer ou accomplir soi-même.

A cet égard, ce que l’on cherche du point de vue la résilience, c’est d’être en mesure de diversifier ses sources de revenus, ou encore d’avoir la possibilité, si on le souhaite, de diversifier ses revenus. Autrement dit, il est préférable d’être un généraliste plutôt qu’un spécialiste. Pourquoi ? Parce que cette diversité d’options est la base de notre autonomie et de notre indépendance financière. En finance, les gestionnaires de placements utilisent cette même stratégie de diversification du portefeuille pour réduire le risque. Le principe est simple : ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.

Pourtant, c’est exactement ce que nous avons fait au cours des deux derniers siècles.  Dans le sillon la première révolution industrielle, au 18e siècle, nous avons progressivement quitté la terre et les richesses que la nature nous offrent pour adopter un mode de vie nous rendant de plus en plus dépendants. Au cours du XXe siècle, comme bien d’autres principes véhiculés par le capitalisme, le concept de la spécialisation (fondé sur la théorie des “avantages comparatifs”) a progressivement trouvé son chemin jusque dans la vie des individus et des familles. 

Nous avons délaissé les campagnes, l’artisanat et le mode de vie paysan pour rejoindre la ville et travailler dans des usines, sur des chantiers, dans des bureaux. Nous avons oublié comment subvenir à nos propres besoins essentiels pour nous spécialiser, au service du marché. Nous sommes devenus difficilement capables de produire nous mêmes ce dont nous avons besoin pour vivre. Nous devons l’acheter. Nous sommes passés de producteurs à consommateurs. En rejoignant les villes, les familles se sont mises à dépendre d’un revenu unique qu’elles ne peuvent augmenter qu’en travaillant plus et dont elles ne peuvent plus se passer. 

Cette spécialisation des familles et des travailleurs s’est poursuivie au cours du XXe siècle. Avec la mécanisation du travail et l’invention d’une panoplie de nouvelles technologies numériques, nous sommes devenus des spécialistes de l’utilisation et de la gestion des machines. 

S’il apparaît naturel de chercher à se spécialiser dans les activités pour lesquelles nous avons un certain talent, le problème survient lorsque nous dépendons entièrement de notre capacité à générer des revenus pour subvenir à nos besoins essentiels, et que ces revenus dont nous dépendons proviennent d’une seule et même source. 

Cette section du blogue vise ainsi à réfléchir à la manière de réduire notre dépendance aux biens de consommation, mais aussi en bonne partie sur les différents modèles nous permettant de diversifier nos sources de revenus dans le contexte actuel.