Si vous cherchez une belle activité à laquelle initier vos enfants, le jardinage pourrait être une très belle option. Toutefois, si vous souhaitez pouvoir récolter quelques fruits et légumes pour la famille pendant l’année sans pour autant passer l’été à répéter à vos enfants de “ne pas marcher là”, “ne pas arracher ça” ou “ne pas grimper là”, alors leur concevoir leur propre jardin pourrait être une bonne idée. En plus, ils développeront leur autonomie et pourront faire leurs propres expériences. Tout le monde y gagne.
Voici les principales étapes que nous avons suivies à la maison pour la conception du jardin de nos plus jeunes.
1. Déterminer l'emplacement
La première étape à la maison a été de déterminer l’emplacement du jardin. Où voulez-vous situer le jardin ?
Voici certains des critères que nous avons pris en compte à la maison :
- Situer le jardin des enfants près du jardin familial – De cette manière, nous pouvons facilement en faire une activité de famille.
- Facilement visible de la maison – Comme le jardin n’est pas directement adjacent à la maison, nous voulions pouvoir garder un oeil sur les enfants pendant qu’ils sont dans leur jardin, tout en leur permettant d’y être autonomes.
- Soleil – On ne s’en sort pas, le soleil est essentiel aux plants. Il faut donc choisir un emplacement le plus ensoleillé possible, d’autant plus que les enfants voudront probablement faire pousser des plants qui demandent beaucoup de soleil, comme les tomates, les melons, les pois ou les concombres par exemple.
- Dénivellation – Choisir un endroit assez plat est une bonne idée. C’est d’abord une façon d’éviter autant que possible l’accumulation d’eau, mais c’est aussi en général plus agréable et moins de travail à préparer.
- Espace – comme nous pouvions nous le permettre, nous avons choisi un endroit avec beaucoup d’espace permettant de concevoir un jardin de la taille souhaitée.
2. Dimensions et design
La deuxième étape est de déterminer les dimensions et le design du jardin. À la maison, nous avons choisi de concevoir un jardin de 10 pieds carrés (10 x 10 pieds) en forme de U. Voici ce qui a guidé notre décision :
- Nous voulions que les enfants puissent bouger librement sans risquer de briser des plants, c’est pourquoi nous avons choisi un jardin en forme de “U”. Les buttes sont ainsi situées tout le tour du jardin, laissant un espace bien libre tout au centre.
- Cette forme de jardin occasionne une certaine perte d’espace, puisque le centre n’est pas utilisé pour cultiver. Nous voulions toutefois allouer suffisamment d’espace à cultiver à nos deux enfants pour qu’ils puissent essayer plusieurs cultures, sachant que certains plants, comme les cucurbitacées, prennent beaucoup d’espace de jardin. Puis, nous voulions que chacun des deux puisse avoir sa propre section de jardin. Nous avons donc essayé une dimension de 10 pieds carrés, qui s’est avérée finalement tout à fait adéquate.
- La dimension du jardin doit également tenir compte de l’emplacement choisi et de l’espace disponible
- Concernant la largeur des buttes (ou planches), nous avons opté pour une largeur de 18 pouces. Les enfants ont en effet les bras plus courts que les adultes, il faut donc s’assurer qu’ils puissent se rendre facilement au fond, sans quoi ils pourraient être portés à vouloir s’appuyer ou même piétiner la butte.
3. Implanter le jardin
Cette étape est assez simple. Elle consiste à marquer de façon temporaire le contour exact du jardin. Pour ce faire, vous pouvez utiliser n’importe quel type de poteaux ou piquets, des roches (assez lourdes toutefois pour ne pas qu’elles se déplacent), de la peinture de marquage, etc. Voici les étapes pour un jardin carré :
- Marquer un premier coin – Ce coin devrait être celui qui est le plus près des structures ou des bâtiments à proximité et par rapport auxquels vous souhaitez situer votre jardin. Par exemple, si votre jardin doit être à un minimum de 6 pieds de la maison, alors vous situerez d’abord l’un des deux coins du jardin les plus près de la maison.
- Tracer un premier côté – à partir du premier coin, situez un deuxième coin à la distance souhaitée, de manière à tracer une première ligne imaginaire entre ces deux coins. Ceci sera votre premier côté.
- Compléter le carré à l’oeil – à partir de chacun des coins, en se dirigeant de façon perpendiculaire au premier côté, mesurez la distance souhaitez pour compléter le carré. À la maison, c’était 10 pieds. Marquez temporairement les deux autres coins du carré.
- Mesurer les diagonales – vous avez présentement trois côtés égaux. Probablement que le 4e côté, lui, est légèrement plus long ou plus court que les autres. Pour vous assurer que vous avez bien un carré, les deux diagonales doivent être de la même longueur. Il suffit donc de déplacer petit à petit les deux autres coins (que vous avez marqué temporairement) pour obtenir deux diagonales identiques. C’est la technique “essais et erreurs”. Si vous préférez, vous pouvez également calculer la mesure exacte de la diagonale à l’aide de la formule de Pythagore, a2 + b2 = c2.
- Mesurer le dernier côté – normalement, si les trois premiers côtés ont la longueur souhaité et que les deux diagonales sont identiques, le dernier côté devrait lui aussi avoir la bonne mesure. Vous avez maintenant un carré !
4. Travaux primaires
Retirer la tourbe
Une fois le jardin implanté, on commence les travaux du sol dits “primaires”. Quand il s’agit d’un premier jardin, il faut tout d’abord retirer la couche supérieure du sol, c’est-à-dire la tourbe, pour ne laisser que la terre.
Avec rotoculteur – si vous avez un rotoculteur, motoculteur ou autre machine du genre, vous pouvez l’utiliser pour retirer la tourbe, en suivant le contour du jardin. Cette technique a l’avantage d’être très rapide, de demander assez peu d’effort et d’ameublir le sol du même coup. Par contre, la tourbe sera incorporée au sol et il vous faudra probablement la retirer de toute façon si vous préparez votre jardin au printemps. De plus, vous ne pourrez pas réutiliser la tourbe par la suite.
Avec outil manuels – si vous n’avez pas de rotoculteur, ou ne souhaitez pas en utiliser, vous pouvez tout aussi bien utiliser des outils manuels. Une pelle carrée peut très bien fonctionner, mais selon le type de sol ou si la terre contient beaucoup de roches, le coupe-bordure sera à privilégier. La première étape consiste à découper la superficie du jardin en petits carrés (entre un et deux pieds carrés) que vous pourrez ensuite retirer à l’aide d’une pelle. Si les racines ne sont pas trop profondes, une autre technique consiste à découper la superficie du jardin en quelques bandes (entre 12 et 18 pouces de largeur) que vous pourrez ensuite rouler. Enfin, on peut retourner la tourbe en laissant les racines nues â la surface du sol afin de laisser mourir les plantes. Cette approche implique toutefois de devancer ou retarder la préparation du jardin à l’automne, car il sera difficile d’y cultiver quoique ce soit avant que la tourbe ne se décompose. L’utilisation d’outils manuels pour cette étape a l’avantage de permettre la réutilisation de la tourbe et de laisser un sol exempt de tourbe et autres racines. Par contre, retirer la tourbe est une tâche assez ardue.
Réutilisation de la tourbe – la tourbe peut être réutilisée à plusieurs fins, c’est pourquoi il est intéressant de la conserver. Au jardin, on peut l’utiliser pour sécuriser (fermer) le bas du grillage extérieur. Elle peut également servir à de nombreux projets d’aménagement autour de la maison, ou encore servir de nourriture pour les poules et autres animaux de ferme qui s’en régalent !
Ameublir le sol en profondeur
Une fois la tourbe retirée, on doit ameublir le sol profondément à l’endroit où se trouveront les buttes. Cette étape sera plus ou moins exigeante selon votre type de sol (argileux, loam, sablonneux, etc.). À la maison, le sol est très argileux et retient ainsi beaucoup l’eau. Cela peut être un avantage en période de sécheresse, mais peu de culture aiment avoir les pieds mouillés en permanence. De plus, un tel sol est très compact, ce qui nuit au développement des racines. Ameublir le sol en profondeur est donc une étape très importante qui demande parfois plusieurs répétitions.
Avec rotoculteur – le rotoculteur est un outil très efficace pour ameublir le sol, il permet encore une fois de sauver beaucoup de temps et d’effort. Toutefois, une fois le sol ameubli et les buttes finalisées, nous évitons autant que possible de l’utiliser en profondeur, puisque son action détruit du même coup de nombreux insectes et organismes bénéfiques pour le jardin ainsi que leur habitat, puisqu’ils vivent à quelques centimètres sous la surface du sol. Nous préférons laisser travailler les vers de terre à notre place ! Une fois les travaux primaires terminés, nous utilisons alors des outils manuels. Le rotoculteur est utilisé ensuite uniquement pour ameublir finement le sol en surface, ainsi que pour enfouir les engrais verts.
Avec outils manuels – les principaux outils manuels utilisés à la maison pour ameublir le sol en profondeur sont la fourche, la grelinette et la bêche. Nous les utilisons régulièrement pour décompacter le sol et ramener les morceaux plus solides en surface, avant de les briser et de les affiner à l’aide du râteau et de la bêche.
5. Monter les buttes
Une fois le sol bien ameubli en profondeur, il est habituellement recommandé de surélever le sol, de manière à former une butte ou une “planche”. En plus de faciliter le travail au sol, cette technique permet d’éloigner les racines de l’eau et d’offrir un maximum de terre meuble aux plants. Il sera d’autant plus important de procéder de cette manière si l’eau tend à s’accumuler à l’endroit où se trouve le jardin, ou encore si le sol retient beaucoup l’eau (argile par exemple). La butte n’a pas nécessairement besoin d’être très élevée, quelques pouces peuvent généralement suffire à faire une bonne différence.
Pour monter les buttes, il suffit de réutiliser la terre se trouvant déjà sous nos pieds. C’est gratuit et écologique en plus !
Pour se faire, si on a déjà ameubli le sol partout dans le jardin, on peut tout simplement utiliser un râteau pour ramener la terre située au centre du jardin vers les côtés, là où vous souhaitez cultiver. Ainsi, le niveau du sol au centre s’abaissera, tandis que les buttes de culture s’élèveront sur les côtés. Le même principe s’applique peut importe le design de votre jardin.
Si vous manquez de terre, éviter de trop creuser au centre, puisque la terre récupérée plus profondément, moins intéressante habituellement, se retrouvera sur le dessus de vos buttes. Vous pouvez toutefois retirer la tourbe et ameublir le sol à l’extérieur du jardin, puis ramener la terre vers l’intérieur à l’aide du râteau. Enfin, au besoin, vous pouvez également acheter de la terre à jardin en vrac ou en sac.
6. Installer le grillage et la clôture
L’installation d’un grillage vise à empêcher les animaux d’entrer dans le jardin. Cette étape n’est pas toujours nécessaire, selon l’endroit où se situe le jardin. Le meilleur moyen de savoir est de l’essayer. Cela dit, il existe de nombreux animaux pouvant nuire au jardin, incluant les chats et les chiens domestiques. De plus, même si aucun animal ne vient la première année, la nouvelle de votre succulent jardin pourrait ne pas tarder à se répandre et vous devrez peut-être de toute manière en installer une l’année suivante. Alors pourquoi ne pas prévenir ?
La clôture que nous utilisons à la maison est composée d’un grillage métallique à volaille (souvent appelé broche à poules), galvanisé, de calibre 22, et de 48 pouces de hauteur. Les trous ont un diamètre de 1 pouce. Voici comment nous procédons pour l’installation:
- Fixer les poteaux de coin – nous utilisons habituellement des piquets en cèdre de 2 x 2 pouces, mais nous réutilisons souvent de petits troncs d’arbres ou autres poteaux de bois pour compléter. L’extrémité des poteaux est taillée en biseau, puis enfoncée dans le sol à l’aide d’une masse jusqu’à ce qu’il soit suffisamment solide pour supporter la tension du grillage. Quand cela s’avère nécessaire, on solidifie les poteaux de coin à l’aide de plus petits piquets (plus ou moins 2 pieds), enfoncés en angle puis fixés à la base.
- Fixer les poteaux supplémentaires – si la distance entre les poteaux de coin dépasse 8 pieds, il pourrait être nécessaire d’ajouter un poteau à mi-distance, en veillant à ce qu’il soit bien aligné avec les autres. De plus, vous devrez ajouter deux autres poteaux qui formeront le “cadrage” de la porte. Pour le jardin des enfants, nous avons laissé une ouverture de 36 pouces, ce qui laisse suffisamment d’espace pour entrer avec une brouette.
- Fixer le grillage – ce type de grillage s’achète en rouleau. Pour l’installer, il suffit de le fixer à l’un des deux poteaux du “cadrage” de la porte à l’aide d’une agrafeuse tout usage (de type T50 par exemple), puis de le dérouler. Toutefois, il est important de veiller à ce que les animaux ne puissent pas creuser sous le grillage. Or, les animaux sont habituellement portés à gratter directement au bas du grillage. À la maison, pour éviter tout problème, plutôt que de l’enfouir verticalement dans le sol, nous le replions un minimum de 8 pouces à la surface du sol, vers l’extérieur. Nous ajoutons ensuite de la tourbe par-dessus. En peu de temps, les racines poussent à travers le grillage et le maintiennent en place solidement.
7. Fermer le contour extérieur du jardin
Pour le jardin des enfants, puisque les buttes sont situées tout autour et directement appuyées contre le grillage, nous avons décidé d’installer des planches de bois tout le tour du jardin au niveau du sol (à l’exception de l’ouverture pour la porte). De cette manière, la terre des buttes ne cherche pas à débouler à l’extérieur du jardin. De plus, les planches ajoutent à l’esthétisme. Nous avons utilisé des demi-piquets de cèdre que nous avions à la maison. Pour éviter que le bois ne pourrisse au contact de la terre et des éléments extérieurs, il est préférable d’utiliser du cèdre ou de la pruche, ou encore des planches de bois traité.
Les planches ont été installées plus ou moins de niveau par rapport à la surface du sol, et nous avons comblé les espaces sous les planches avec de la tourbe. Si vous installez du grillage, il sera plus facile de fermer le contour du jardin avec les planches avant d’ajouter la tourbe par-dessus le grillage.
8. Fabriquer des "boîtes"
Pour les mêmes raisons, nous avons également décidé de fermer l’intérieur des buttes dans le jardin des enfants, ce qui a pour effet de former des “boîtes”. La seule étape supplémentaire consiste à enfoncer de petits piquets pour délimiter les buttes et sur lesquels viendront se fixer les planches.
9. Installer la porte
Cette étape n’est pas aussi compliquée qu’on pourrait penser, tout dépendant de ce que l’on souhaite. À la maison, nous utilisons simplement un piquet de cèdre (le même que pour le reste du jardin) que nous enfonçons dans le sol d’un côté de l’ouverture, puis que nous rattachons à l’autre poteau du cadrage avec du grillage. Nous installons une petite poignée que les enfants pourront utiliser pour soulever le piquet du sol et ouvrir la porte, puis nous ajoutons une corde dans le haut pour maintenir le piquet bien collé sur le cadrage. Quand on veut fermer la porte, suffit d’insérer le piquet dans son trou d’origine. On ajoute enfin une planche et du poids (un sac de terre par exemple) pour sécuriser le bas du grillage.
10. Affiner la surface du sol
À cette étape, le sol en surface est habituellement assez grossier. Cela ne pose pas réellement de problème pour les cultures que l’on transplante, mais ce sera plus difficile pour les petites semences de laitue ou de carottes par exemple. Lors du semis, elles risquent de s’enfoncer plus profondément que souhaité, ou encore d’être étouffées. C’est pour cela qu’il est important d’affiner la surface du sol. Plusieurs outils peuvent permettre d’obtenir le fini souhaité, selon la façon dont on les utilise. Un simple râteau, une binette, un sarcloir ou encore un émietteur fonctionnent généralement bien.
11. Amender le sol
Certaines cultures sont dites “exigeantes”, tandis que d’autres le sont moins. Les concombres, les courges ou les tomates, par exemples, demandent un sol beaucoup plus “riche” que les carottes, la laitue ou les pois. Autrement dit, il faudra amender davantage le sol, c’est-à-dire ajouter essentiellement plus de compost et/ou de fumier.
À la maison, le sol du jardin n’avait jamais été travaillé auparavant et nous avons constaté qu’il était plutôt “pauvre” (un simple test de sol vous le dira !), Nous avons donc ajouté une bonne quantité de compost sur l’ensemble des buttes. Nous ajouterons ensuite une plus grande quantité de compost et du fumier sur les sections où seront cultivées des cultures plus exigeantes (nous produisons notre propre fumier de poule, ce qui est très pratique!).
On incorpore ensuite le tout dans les premiers 2-3 pouces de terre.
12. Tuteurer
À la maison, tout le monde raffole des pois mange-tout et des haricots grimpants. Ils sont succulents, très agréables à cueillir pour les enfants et rajoute beaucoup de cachet à un jardin. Il existe plusieurs façons de tuteurer ces plants. On les fait grimper dans des filets ou dans n’importe qu’elle structure leur permettant de s’accrocher tout en facilitant la récolte. Plusieurs autres cultures aiment aussi grimper ou bénéficient d’un tuteurage, comme les concombres ou les tomates. Il est important de positionner ces cultures au nord du jardin, sans quoi elles feront de l’ombre aux autres plants.
13. Laisser aller sa créativité
Voilà, votre jardin est enfin près ! Il ne vous reste qu’à laisser aller votre créativité et celle de vos enfants pour l’aménager de façon à ce qu’ils s’y sentent bien. À la maison, nous avons fermé le haut du grillage avec des planches de bois pour ajouter à l’esthétisme et nous permettre d’y accrocher ou d’y déposer des outils et autres objets. Les enfants feront le reste !
14. Récupérer
Je ne le répéterai jamais assez, récupérer est pour moi un incontournable. À la maison, on achète du bois uniquement quand c’est absolument nécessaire, et de préférence auprès de scieries de la région. Il existe de nos jours de nombreux sites de vente de biens usagés qui permettent de donner une 2e vie aux matériaux et aux objets tout en faisant économiser beaucoup d’argent. Quand on récupère et que l’on réutilise, on évite du même coup de tomber dans le modèle de consommation de masse et de l’obsolescence programmée.