L'idée devint un projet
Une fois que l’Appel de la nature s’est fait entendre et que la réflexion est entamée, difficile de ne plus y penser. Je me rappelle parfaitement la première fois où ma conjointe et moi avons discuté de la possibilité de quitter éventuellement Montréal pour vivre en campagne sur une petite terre.
À cette époque, notre relation était jeune. Nous étions deux carriéristes en herbe aux expériences de vie particulièrement différentes et aux ambitions élevées.
À travers les études, le travail, la vie sociale et nos aspirations personnelles, nous avions évidemment de beaux moments ensemble, mais les conflits étaient plutôt fréquents. Nous avions de la difficulté à connecter réellement comme couple.
Et puis un soir après quelques bières on s’est mis à parler de tout ce qui nous dérangeait de la vie qu’on menait à ce moment-là à Montréal. Ce n’était pas la première fois, mais pour une raison que j’ignore il y a eu cette soirée-là comme un déclic. On a fini par se dire, juste comme ça, qu’on serait peut-être mieux en campagne, sans trop réfléchir au « comment » et au « où ».
Au départ on a lancé l’idée un peu à la légère, mais c’était une idée coriace. Une idée qui a su tranquillement se frayer un chemin en nous. Si bien que dans les semaines et les mois qui suivirent, l’idée devint un projet. C’est aussi précisément à ce moment que quelque chose changea drastiquement dans notre relation.
Pour la première fois, il me semble, nous avions un véritable projet commun. Je ne parle pas ici d’un projet du genre « emménager ensemble » ou « avoir un enfant », mais d’un projet à travers lequel nos intérêts, nos valeurs, notre intellect et nos aspirations futures convergeaient. C’était aussi un projet à la fois spontanée et réfléchi. Un coup de tête, certes, mais derrière lequel se dissimulait une profonde réflexion de société, un acte immensément politique, bien plus qu’on pouvait alors le croire.
Sans qu’on le sache, c’est à ce moment-là que naissait progressivement ce qui allait mener à la Famille résiliente. Avant toute chose, avant même que prenne forme la famille comme telle, le concept de la famille résiliente implique nécessairement un couple. Certes, mais un couple uni, fort, qui marche dans la même direction et, surtout, qui puisse surmonter les problèmes inévitables qui se dresseront devant eux. C’est là, dans le couple, qu’une famille résiliente devrait d’abord et avant tout s’investir le plus. Bien avant la terre, le jardin ou la maison (voir « La Zone OO »). C’est dans ce projet commun que ma conjointe et moi avons trouvé l’étincelle et la volonté de bâtir quelque chose de plus grand ensemble.
[Plus à venir…]