La Zone OO est un terme qui ne fait pas l’unanimité dans la littérature sur la permaculture. Bien que la majorité s’entend pour reconnaître ce qu’elle représente et son importance dans la démarche de transition, il existe un désaccord quant à l’utilisation de la notion de « zone » pour la représenter. Je mettrai ici de côté les questions de sémantique et pour les besoins de la cause, comme le terme est assez commode et très évocateur à mon sens, j’utiliserai le terme « Zone OO ».

Pour reprendre la définition de Ben Falk dans son ouvrage The Resilient Farm and Homestead, la Zone OO c’est l’humain, dans son être physique, intellectuel et spirituel (body, mind, self). C’est « l’espace que l’on occupe à chaque moment de chaque jour ». On l’aura compris, c’est-là où on passe le plus de temps, bien que nous y soyons à mon sens trop souvent absent, malheureusement.

Dans le cas qui nous concerne, la Zone OO occupe une place tout à fait centrale. C’est-là précisément que commence l’idée même de la Famille résiliente. C’est-là où tout se joue. C’est à la fois la cohésion du noyau familial, mais c’est aussi la santé et le bien-être véritable de chacun de ses membres.

C’est aussi là où, il me semble, la route est la plus ardue. Apprendre des techniques et des stratégies pour être plus autosuffisant, c’est pas très compliqué, suffit d’avoir la persévérance nécessaire. Confronter nos propres préjugés et idées préconçues, affronter nos plus grandes peurs, faire preuve d’humilité, se distancer de notre ego, s’ouvrir au changement, etc., ah… voilà le vrai test derrière l’aventure de la Famille résiliente.

Nous sommes tous et toutes un peu blessés par la société dans laquelle on vit, et qui nous entraîne chaque jour un peu plus loin de nous-mêmes, de ce qui importe vraiment. Accaparés par la routine, surstimulés, stressés, pressés, dépassés par les obligations, nous avons du mal à prendre du recul sur nos vies, sur ce qu’est la Vie, sur ce qui est bon pour nous et pour nos proches, aujourd’hui, et pour les générations qui nous suivent. On a du mal à vivre dans l’instant présent, et pourtant tout autant de difficulté à voir à long terme (et je ne parle pas de cotiser dans un fonds de pension !).

On n’a du mal à s’émerveiller, parce qu’on a du mal à distinguer ce qui est beau de ce qui est laid, tant on nous a appris à aimer le laid et ignorer le beau. L’un des plus grands mensonges qu’on nous ait appris, d’ailleurs, c’est que la beauté est subjective. La beauté saute aux yeux, mais le laid sait si bien se déguiser de nos jours qu’on en vient à confondre les deux.

Bref, la véritable résilience ne vient pas de facto avec une terre et l’application de quelques principes d’autosuffisance. Elle commence en nous-mêmes, individuellement, puis prend racine au cœur de la famille, au fur et à mesure que se tissent des liens harmonieux et durables. Concrètement, on prend soin de la Zone OO en s’accordant du temps pour soi-même, d’une part, puis en partageant du véritable temps de qualité en famille. En apprenant à se connaître réellement et à se respecter, tout comme on doit le faire avec la nature.

Le plus beau leg que l’on peut faire à nos enfants n’est donc pas celui d’une terre et d’un milieu de vie riche et accueillant, mais celui d’une famille vivante, soudée, riche de ses valeurs et de l’amour qui coule à travers chacun de ses membres.